jeudi 15 octobre 2009

ZAO au Congo

 
ZAO 

ZAO = Zoba Casimir est né en 1955 à Goma–Tsétsé, au Congo, dans la province du Pool. Tout jeune, il attrape le virus de la musique et intègre un ballet traditionnel à l’âge de douze ans, puis un groupe vocal à quatorze ans, avant de former son propre ensemble, Les Unis. En 1975, il gagne Brazzaville — l’un des grands carrefours musicaux de la région avec Kinshasa, capitale du Zaïre, de l’autre côté du fleuve Congo.

Là, il est embauché en tant que percussionniste par Les Anges, l’un des orchestres les plus renommés du cru. Très vite, il déploie ses multiples talents, et c’est à la fois comme chanteur, compositeur, guitariste, batteur et danseur qu’il devient la locomotive du groupe, qui va représenter le Congo Brazza dans différents pays comme Cuba, la Bulgarie ou l’Italie. 

Parallèlement, il assume une carrière d’instituteur, et c’est devant des centaines d’écoliers qu’il teste un nouveau registre, plus personnel, avant de participer en 1982 au concours “Découvertes de Radio France Internationale, qu’il remporte. Invité à se produire en France, il propose, entre autres, un morceau ravageur, Ancien combattant — un étonnant hymne antimilitariste interprété dans le jargon des tirailleurs sénégalais, ces hommes qui se sont battus sur les fronts des deux Guerres mondiales. Tandis que le morceau fait un tabac dans toute l’Afrique francophone, Casimir Zoba devient Zao :  
                        Z comme quelqu'un qui est parti de zéro,  
                        A comme admis sur la scène musicale et 
                        O comme artiste omniprésent. 

Interrogé sur ses références, il cite Franklin Boukaka, célèbre chanteur congolais disparu prématurément, Bourvil et Jacques Dutronc. Mais il avoue une prédilection pour Jean de La Fontaine. 

En effet, sur fond de rumba funky et d'humour langagier façon Poto Poto (l’un des quartier les plus animés de Brazza), il brosse des histoires picaresques enracinées dans la vie quotidienne, qui fonctionnent comme une mise en fable de la société africaine. En 1984, son disque Ancien combattant le fait connaître au niveau international, et le public non africain découvre ses autres compositions : 

Soulard (qui brocarde les “cuveurs désertant le foyer conjugal), 
Porte Monnaie (qui rappelle que, pour de nombreux mariages, l’aspect pécuniaire reste déterminant), 
Toi (Tourbillon Odieux International, évocation du Sida qui ravage l’Afrique), 
Corbillard (où un cadavre essaie de corrompre le corbillard qui l’emmène au cimetière), 
Pierre de Paris (qui raille l’attitude de certains Africains méprisants avec leur propre culture). 

A l’écoute de ces mini scénaris, le public se délecte et s’interroge. Zao incarne une génération de chanteurs africains qui conçoit l’humour comme un antidote à un environnement anxiogène: chômage, violence, pandémies...

Même si, parfois, le rire s'avère impuissant. Ainsi, alors qu’il ne cesse de dénoncer la course aux armements, dix ans plus tard, il sera victime avec sa famille de la guerre civile atroce qui ravagera son pays, sur fond de prébende pétrolière. 

ALBUMS: 
Zao (Mélodie), 
Corbillard (Mélodie)
Moustique (Mélodie), 
Patron (Mélodie),
Zao (Barclay), 
Renaissance (Mélodie).
Frank Tenaille © Le Hall de la Chanson

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