samedi 12 décembre 2009

Saint-Domingue. De la bière brestoise dans les récifs

12 décembre 2009 - 
Lambézellec, aujourd'hui l'un des quartiers de Brest, fut un haut lieu de la production de bière. Une bouteille datant de plus d'un siècle vient d'être retrouvée par un plongeur à Saint-Domingue.


Si Cabarete est célèbre dans les Caraïbes, ce n'est pas pour ses filles, ni pour son temps de curé. Au contraire. Réputé pour ses vents soutenus et son «reef»(récif), ce site de la côte nord de la République dominicaine attire, tout au long de l'année, les amateurs de sports de glisse du monde entier, kite-surf en tête. Les plongeurs y sont aussi à la fête. L'un d'eux, un retraité américain passionné d'archéologie, y a fait une étonnante découverte, il y a quelques jours, à environ 5m de profondeur: une très vieille bouteille de bière marquée du sceau d'une brasserie brestoise aujourd'hui disparue, la Grande Brasserie de Lambézellec. L'objet a été confié à son professeur de kite, Éric Bageot, un Français partageant son temps entre Cannes et les Antilles. «La bouteille, d'un litre environ, a perdu la cire de son bouchon mais on peut y lire distinctement ?Lambézellec? ainsi qu'un nom, ?A.Bertray?. Mes recherches pour trouver l'origine de ce nom sont restées vaines. Peut-être s'agit-il de celui du maître brasseur ou d'un des gros clients de la brasserie», confie Éric Bageot.
Du verre moulé
«Seule certitude, la bouteille date d'avant 1900. Son verre est en effet moulé et non soufflé, une technique qui n'avait plus cours au XXesiècle». La Grande Brasserie de Lambézellec, située au Spernot et aujourd'hui disparue du paysage brestois, a débuté sa production en 1837. Au plus fort de son activité, elle débitait plus de 47millions de bouteilles de bière par an et employait près de 500 personnes. Plus tard, rachetée par de célèbres brasseurs, elle allait commercialiser les marques «Meuse» (aussi baptisée «Blonde de Kérinou») et «Valstar», avant de fermer définitivement ses portes en 1981.
Une bière «Royale»
Elle fournissait notamment les ouvriers de l'Arsenal et les hommes de la Marine nationale (l'une des bières produites à Lambé a d'ailleurs pour nom «La Royale»).  
L'un des marins s'en est-il débarrassé en croisant au large de Saint-Domingue? Peu probable, la bouteille étant pleine. Plus plausible, la bouteille se trouvait à bord d'un navire naufragé. «Le récif de Cabarete est très dangereux. Nombre d'épaves témoignent des difficultés de navigation dans le secteur», constate Éric Bageot. Cette bouteille peut être également considérée comme un nouveau témoignage de la présence d'une importante colonie bretonne à l'époque dans le secteur. Plusieurs lieux-dits font référence à notre région, l'une des plus belles plages de l'île s'appelant d'ailleurs «Playa El Breton».
Alain Coquil


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