jeudi 17 décembre 2009

Gentilshommes De Fortune (B. Lavilliers)



J'ai oublié jusqu'à mon nom
En grattant de mes doigts fragiles
Jusqu'au plus profond de l'argile
Pour trouver l'or de Salomon
On est des milliers dans la mine
Tremblants de cette fièvre d'or
On creusera jusqu'à la mort
Pour cette couleur assassine
Le soleil est au fond du trou
Qui suinte l'eau et la vermine
On est des milliers dans la mine
Accrochés à ce rêve fou
Le silence des jungles
A recouvert les corps
Des indiens massacrés
Aux frontières colombiennes
Quand plane le curare
Et crache le FM
Quand passent les barbares
Sur les corps des indiennes
Tu sais, l'odeur du sang
Et de l'or est la même
Mais la vierge amazone
Ne s'est jamais donnée
Qu'à quelques gentilshommes
Qui n'ont rien demandé
Rien demandé
Saigne la boue, monte l'échelle
Les yeux creusés, le dos en sang
Quand les sourires n'ont plus de dents
Et que la main colle à la pelle
Et si tu tombes du scorbut
Au fond des jungles du Para
Au bord de Serra Pelada
Tu n'auras pas atteint ton but
T'auras pas supporté le poids
De tous les carats de l'or brut
Les années, les heures, les minutes
Au fond de Serra Pelada
Le silence des jungles
A recouvert les corps
Des indiens massacrés
Aux frontières colombiennes
Quand plane le curare
Et crache le FM
Quand passent les barbares
Sur les corps des indiennes
Tu sais, l'odeur du sang
Et de l'or est la même
Mais la vierge amazone
Ne s'est jamais donnée
Qu'à quelques gentilshommes
Qui n'ont rien demandé
Les uns se sont perdus
Dans le fond des lagunes
Les autres devenus
Gentilshommes De Fortune
Ou d'infortune





















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