BONGOUANOU : INSOLITE
Un corps refuse sa tombe
jeudi 25 septembre 2008 par Madeleine TANOU
Un fait insolite, digne des mystères de l’Afrique, s’est produit en début du mois en cours, à Niandian, village de la sous-préfecture de N’guessankro, dans le département de Bongouanou. Un corps a carrément refusé d’être inhumé dans la tombe, qui lui a pourtant été réservée. Selon les informations reçues, il ressort que décédé des suites d’une longue maladie, le nommé Kassi Oi Kassi dit « Eboko » ou « Déza » doit, le samedi 6 septembre 2008, être inhumé au cimetière du village, à Niandian. Il est donc 15h environ, après les cérémonies funéraires, quand des jeunes gens désignés prennent le cercueil renfermant la dépouille mortelle de Kassi Oi Kassi, âgé d’une soixantaine d’années. Direction, bien entendu, le cimetière. Une foule immense de parents et d’alliés, totalement en détresse devant la définitive séparation, suit la bière. Le tout, cadencé par des pleurs et autres lamentations. Une fois dans le cimetière, les porteurs se faufilent entre les autres sépultures, et foncent à l’endroit, où se trouve la tombe de Kassi Oi Kassi. Là, coup de théâtre. Comme poussés par une force extérieure invisible, les porteurs ne suivent plus la trajectoire menant à la tombe du défunt. Ils contournent d’ailleurs ce site. Allant à vive allure tout en balançant par-ci par-là, les dix porteurs du cercueil, de jeunes gens pourtant robustes, semblent obéir à une poussée invisible. Et de façon brutale, ils s’arrêtent devant deux tombes. Ce sont celles des géniteurs de Kassi Oi Kassi, décédés il y a une vingtaine d’années. A ce niveau, ils ne bougent plus. On les voit tanguer comme un navire en détresse et marmonner des paroles inaudibles pour certains. Ils n’avancent en tout cas plus, sur le chemin conduisant à la tombe de « Déza ». Etonnement. Que se passe-t-il ? On croit à un vilain tour que jouent les jeunes porteurs. Mais eux, jurent la main sur le cœur, que ce n’est nullement de leur fait. Et que c’est plutôt le cercueil, qui les retient. C’est lui qui les contraint à toutes ces arabesques. Nombre d’entre qui n’en peuvent plus d’être baladés, rentrent en colère et lâchent le cercueil. Ils ne veulent plus être porteurs. Ils jettent l’éponge. D’autres jeunes gens sont aussitôt désignés pour les remplacer. Mais eux aussi, essuient un cuisant revers. Le cercueil ne veut toujours pas bouger. C’est là, que les frères de Kassi Oi Kassi, se souviennent. C’est qu’au plus fort de sa longue maladie, « Déza » qui se savait sans doute condamné à mourir, a émis le vœu, d’être enterré juste près de ses parents. Et nulle part ailleurs. Mais il se trouve que la configuration du cimetière, ne prête plus à la satisfaction, d’une telle volonté. D’autres tombes, meublent déjà le voisinage immédiat des parents de Kassi Oi Kassi. Alors, que faire à présent ? Et comme les morts en Afrique ne sont pas morts, l’un des frères du défunt, un bras posé sur le cercueil, lui adresse des supplications. « Frère, il n’y a plus de place pour toi à côté de nos parents. Accepte d’aller dormir dans la tombe qu’on t’a réservée. De là-bas, tu peux aller rendre visite à nos parents, si telle est ta préoccupation. Nous ne pouvons pas faire autrement. Imagine un instant, le préjudice que tu risques de nous causer, si tu refusais de rejoindre ta tombe déjà aménagée. Alors, pars sans opposer de résistance ». A la suite de ces propos, il s’ensuit un rituel de libation. Et curieusement, comme libérés de chaînes, on voit les porteurs du cercueil retrouver de l’allure et foncer droit à la tombe de « Déza ». Les instants qui suivent, l’inhumation se fait sans difficulté. Kassi Oi Kassi repose donc dans la tombe à lui aménagée. L’Afrique et son mystère pourrait-t-on dire.
mardi 23 juin 2009
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1 commentaire:
eh bien
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